Bilan en travail de rue dans le quartier de Saint-Henri en 2022-2023
Faits saillants Population rejointe
Introduction
Durant l’année 2023-2024, malgré les efforts déployés afin de combler les postes en travail de rue sur le territoire de Lachine/Ville Saint-Pierre, les difficultés de recrutement ont perduré. Depuis un an, nous avons pu compter sur les personnes en travail de milieu afin d’assurer une présence dans le quartier et répondre aux besoins d’une tranche de la population. C’est ainsi qu’en novembre 2023, j’ai débuté officiellement dans le quartier ayant entamé mon parcours au TRAC en commençant dans le quartier de Saint-Henri, ce changement m’a demandé de repartir de nouveau en exploration afin de mieux comprendre les réalités et enjeux d’un territoire encore peu connu pour moi.
Milieu jeunesse
Dans la cadre de mon mandat de travailleuse de milieu, je suis principalement orienté à intervenir auprès d’une population majoritairement adulte. Cet état de fait ne me permet pas de vous présenter une analyse sur les dynamiques du milieu jeunesse de Lachine/Ville Saint-Pierre. Toutefois, au moment d’écrire ses quelques mots, nous avons souhaité la bienvenue à Priscavine, nouvelle travailleuse de rue pour le quartier. Priscavine ayant un mandat généraliste auprès des 12 ans plus, nous aurons la capacité de nous déployer auprès de l’ensemble de la population, des plus jeunes comme des moins jeunes.
Consommation
Malgré un quartier avec une dynamique de banlieue, les espaces de consommation peuvent être en intérieur à l’abri des regards, tout comme dans l’espace public pour les personnes les plus précaires. Concernant les substances consommées, nous suivons le mouvement de bon nombre de quartiers à Montréal, le crack, les opiacés et/ou l’alcool font partie des substances les plus constatées/observées sur mon territoire.
Parmi le matériel que je distribue, nous trouvons une part importante de pipe en pyrex et une proportion plus faible de seringues. Lors de mes différentes rencontres pour développer mon lien avec les personnes, j’essaye le plus possible de faire passer les messages de réduction des méfaits ainsi que les messages de prévention en lien avec les surdoses. Je propose les trousses de Naloxone et les bandelettes de test Fentanyl, cependant certaines personnes consommatrices de stimulants comme le crack ne se sentent pas toujours concernées par cet enjeu. Afin de prévenir des surdoses auprès du plus grand nombre de personnes, j’ai eu l’occasion d’effectuer des distributions de trousse de Naloxone dans certains bars du quartier.
En quelques mois, j’ai pu repérer certains espaces où mes interventions seraient pertinentes, avec le temps et les liens, je devrais être en mesure de m’implanter dans les milieux de consommations.
Milieu adulte
Au cours de mes explorations, j’ai pu observer que mon territoire était lui aussi frappé par l’itinérance. En effet, les personnes en situation d’itinérance visibles ou cachées font bel et bien partie du paysage de Lachine/Ville Saint-Pierre. Les personnes reçoivent parfois du soutien des habitants et des commerçants de la rue Notre-Dame. On parle ici de dons de vêtements ou de nourriture. Plusieurs personnes installent leurs tentes ici et là, dans l’espoir de pouvoir rester pour plusieurs jours. Toutefois, la cohabitation n’est pas toujours évidente pour diverses raisons et cela engendre des plaintes, contraignant les personnes à se déplacer vers un ailleurs…
Il faut rappeler que pour les personnes en situation d’itinérance, les espaces communautaires et sécuritaires demeurent limités sur le quartier, car celui-ci ne possède pas de centre de jour tel que la Maison Benoit Labre à Saint-Henri ou encore une ressource d’hébergement. Pour trouver un lit pour la nuit, les personnes sont obligées de se rendre sur Pierrefonds ou Verdun. Les liens avec cette population peuvent être fragiles, vu que les lieux de rencontres sont plus restreints, il s’agit alors pour moi d’aller explorer les environs pour poursuivre nos échanges et démarches.
Les personnes possédant un logement ne sont pas pour autant épargnées par l’augmentation du coût de la vie, par les risques d’éviction ou vivre dans des logements insalubres. Afin de palier au difficulté d’autres alimentaires, nous pouvons compter sur plusieurs ressources afin de distribuer des denrées alimentaires ou encore des repas chaud.
Dans ce contexte, de crise multiple et afin de subvenir à leurs besoins, certaines personnes se tournent vers le travail du sexe. Les personnes que je rejoins ne nomment pas directement faire du travail du sexe, c’est au travers de nos rencontres, de distributions de matériel et d’échanges que je comprends leurs situations et activités. Lors de mes passages pour distribuer des condoms et aux détours d’une conversation, j’émets de petits messages de prévention et informe sur les services de soins et de dépistages.
Conclusion
Ces quelques mois à Lachine/Ville Saint-Pierre m’ont permis de mieux comprendre la dynamique sur ce territoire et m’aide maintenant à établir mes objectifs d’explorations et intensifications de certains espaces. Cette prochaine année sera aussi une année d’accueil pour ma partenaire de rue. Priscavine et moi, nous devrons trouver nos marques afin d’être complémentaire et de rejoindre les personnes les plus éloignées des services.
Catherine
Travailleuse de milieu à Lachine/Saint-Pierre